Le paysage : organisme de vie et de transformation

Issu du grec ancien, le mot metabolê signifie « transformation » et constitue la racine du mot « métabolisme ».

Dans le langage scientifique, le métabolisme est l’ensemble des processus de fabrication et dégradation de la matière qui se déroulent au sein d’un être vivant, lui permettant de se maintenir en vie, se développer, se reproduire, et répondre aux stimuli de son environnement. Ainsi, son bilan énergétique est systématiquement nul du fait que tout ce qui est emmagasiné est consommé et réciproquement. C’est un processus de transformation constante et optimale de la matière et de l’énergie où rien ne se perd, rien ne se crée, mais tout se transforme.

L’Atelier Metabolê appréhende l’idée du paysage comme celle d’un organisme vivant ayant son propre métabolisme, soit un système clos dont on connaît et maîtrise les processus de transformation et dont l’équilibre doit être, selon les contextes, créé, restauré ou préservé.

Le paysage comme solution

A l’heure où l’on prend de plus en plus conscience de la fragilité de nos sociétés et écosystèmes, l’Atelier Metabolê veut mettre en lumière des solutions concrètes et locales pour créer des lieux autonomes, résilients et par extension fertiles pour les générations à venir.

Nous avons autant la responsabilité que les savoir-faire pour rétablir des équilibres écologiques et redonner à l’homme une place essentielle au sein de l’écosystème et de la société. Grâce à un design holistique basé sur la compréhension et l’utilisation de processus naturels au coeur de nos lieux de vie (compostage, traitement et stockage des eaux et énergies, génie végétal…) le projet de paysage est enclin à répondre aux besoins des communautés, à savoir habiter dans des lieux de vie saints, capables de produire des ressources en abondance, résister aux aléas, s’adapter aux changements climatiques comme économiques et garantir un véritable legs à leurs enfants.

La philosophie portée par l’Atelier Metabolê pense la résolution de la crise environnementale comme étant le facteur déterminant pour un retissage des liens des individus avec la nature, et entre eux. En milieu urbain comme rural, les projets durables de jardins et paysages reposent autant sur la conception, l’aménagement, que sur la gestion durable des espaces et des ressources disponibles in situ (naturelles, humaines, économiques…).

Vers des paysages et jardins autonomes :

• Conception d’un habitat visant une forme d’autosuffisance par la production et le stockage de ressources (énergies, eau, denrées alimentaires, matériaux divers comme le bois…)

• Création d’abondance au travers de productions agricoles diversifiées, végétales et animales.  L’agro-sylvo-pastoralisme doit retrouver sa place au coeur des villes et des campagnes (vergers, potagers, étangs piscicoles, forêts comestibles et mellifères, prairies fleuries, pâturage et production de miel, sylviculture…)

• Mise en place de modes de gestion écologiques et intégrés. Contrôle des cycles de la matière avec comme objectif zéro intrant / extrant, recours à l’écopaturage, soutient du traitement et de la valorisation sur site (ou à proximité) des eaux et déchets domestiques et déchets verts (recyclage, compostage, phyto épuration).

Vers des paysages et jardins résilients :

• Vivre dans des lieux capables de surmonter des événements exceptionnels (changement climatique, tempêtes, incendies, inondations, glissements de terrains…). Une bonne connaissance du milieu est donc nécessaire pour anticiper les risques et nombreuses sont les solutions (diversification végétale, haies brise vent, coupes feu, plans d’eau pour masse thermique et biodiversité, noues paysagères, plantations prévenant l’érosion des sols et des berges…),

• Diversification des milieux et niches écologiques (plantation d’espèces locale et variées, alternance de prairies, lisières, forêts, étangs…) afin d’augmenter la biodiversité dont nous dépendons,

• Restaurations des paysages endommagés par les dérives de l’industrialisation, l’agriculture intensive et l’explosion urbaine par une logique de régénération des sols notamment grâce au génie végétal,

• Prendre la responsabilité du réchauffement climatique en créant des puits de carbone, notamment par la plantation de forêts à vocations multiples (réserves naturelles, loisir, production…), et en privilégiant des ressources locales (artisans, circuits courts, matériaux…), afin de réduire notre empreinte écologogique,

• Soutenir et porter les initiatives locales et projets participatifs afin de renforcer la résilience communautaire.

Autonomie et résilience au service de l’ esthétisme et de l’agrément

Le rôle du paysagiste est de créer une harmonie entre le fond (l’autonomie, la résilience…) et la forme (l’esthétisme, la proportion des formes, les couleurs et les textures). Ici, fond et forme, ou encore réalisme et le sens artistique, ne sont pas contradictoires mais complémentaires, l’un enrichissant la valeur de l’autre et réciproquement. En effet, quoi de plus complet que de se promener sur les berges d’un étang, recouvertes d’herbes et de fleurs et bénéficier de cette fraîcheur durant les mois d’été, d’observer la faune locale s’y nourrir et s’y s’abreuver, tout en garantissant une réserve d’eau pour irriguer son jardin et se prémunir des incendies?

Un seul et même élément rayonne de toute sa richesse car il présente une diversité de valeurs, de fonctions et d’usages. Ainsi, par un travail d’observation, de recherche et de projection, le paysagiste créé et révèle la beauté et les spécificités qui émanent de chaque lieu tout en garantissant une réponse pertinente en accord avec les besoins et les goûts exprimés par tel ou tel maître d’ouvrage

Le paysage : du local au global, du passé vers le futur

Quelle que soit son échelle, le projet (d’espace public ou privé, de jardin, de parc ou de paysage, à la ville comme à la campagne) ne peut se borner aux limites qui lui sont imposées, tant dans l’espace que dans le temps.

La démarche de l’Atelier Metabolê repose sur une mise en tension constante entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, entre l’histoire, soit l’héritage de lieux façonnés par nos aïeux, des savoir-faire ancestraux et des postures profondément contemporaines et tournées vers l’avenir. Cette motivation se traduit par la recherche de liens entre mer et montagnes, entre coteaux et plaines, entre espaces de nature et espaces densément peuplés, entre espace privé et public, entre l’individu et la collectivité, entre lieux de production et lieux de vie…

Concevons des lieux faisant écho à nos besoins et nos ressources, créons des paysages inscrits dans l’histoire et la géographie afin de pérenniser notre façon de vivre et de lui donner du sens.